Sur les traces d’un patrimoine disparu - Journées européennes du patrimoine

Exposition organisée par les Archives municipales de la Ville de Saint-Ouen-sur-Seine au château de Saint-Ouen - Conservatoire municipal, 12 rue Albert-Dhalenne 17 septembre 2022-28 janvier 2023.

Si l’histoire de Saint-Ouen est souvent étudiée sous le prisme de son passé industriel, celle de ses anciens châteaux et demeures est beaucoup moins documentée. Depuis le Moyen Agé, Saint-Ouen a été un véritable lieu de séjour pour les rois, les aristocrates et les grands bourgeois. Charles de Valois, Jean II le Bon, la marquise de Pompadour, le baron Necker, ou encore le prince de Soubise, attirés par le charme des bords de Seine et l’environnement bucolique des lieux, y font construire et réaménager de véritables palais et des maisons de plaisance. Ces bâtiments remarquables ont depuis disparus du tissu urbain, complètement transformé par les mutations socio-économiques de la commune au XIXe siècle et la rénovation du quartier du Vieux Saint-Ouen après la Seconde Guerre mondiale.

L’exposition organisée par les Archives municipales de Saint-Ouen-sur-Seine se propose de retracer, grâce à des archives inédites, des témoignages et de nombreux documents iconographiques faisant notamment partie de la Collection d’art et d’histoire de Saint-Ouen-sur-Seine (labellisée Musée de France), l’histoire encore trop méconnue de ces bâtisses et des personnes, prestigieux et anonymes, qui y sont associés.

Les anciens châteaux et demeures de Saint-Ouen

Les demeures royales du Moyen Âge
 

Au cours du Moyen Âge, le village de Saint-Ouen, situé dans l’actuel quartier du Vieux Saint-Ouen, devient un lieu de séjour des rois de France et des membres de la famille royale, qui y font aménager de véritables palais. Habité par quelques dizaines de familles à peine, il se trouve dans une position idéale, entre Paris et la puissante abbaye de Saint-Denis, lieu de sépultures des souverains depuis l’époque mérovingienne. Les rois mérovingiens résident dans un vaste domaine, la villa Clippiacum, disparu au cours du VIII-XIe siècles. Vers 1300, les Valois font aménager un château qui prend le nom de « Noble Maison » et qui devient, à partir de 1351, le siège de l’ordre des chevaliers de l’Etoile fondé par le roi Jean II le Bon – le blason de la ville, créé en 1869, est par ailleurs inspiré par la création de cet ordre. La reine Isabeau de Bavière possède deux hôtels particuliers à Saint-Ouen. Aujourd’hui, la ville n’a conservé aucune trace visible des anciennes bâtisses du Moyen Âge, détruites entre la fin du XVIe et le milieu du XVIIe siècle.

Le château seigneurial
 
Construit entre 1664 et 1672 par Antoine Le Pautre, premier architecte de Louis XIV, sur commission du riche financer Joachim de Boisfranc, ce château est passé entre les mains d’illustres propriétaires, dont les ducs de Gesvres, la marquise de Pompadour et le duc de Nivernais. C’est ici que, dans la nuit du 2 au 3 mai 1814, le roi Louis XVIII signe la déclaration de Saint-Ouen, document fondateur de la Restauration. Quelques années plus tard, ce même souverain se porte acquéreur du château, qu’il fait raser pour construire un petit pavillon qu’il offre à sa favorite, la comtesse du Cayla. Cette-ci y habite pendant trente ans jusqu’à sa mort en 1852. Depuis 1965 il abrite le Conservatoire municipal ainsi qu’un musée d’histoire locale, qui a fermé en 2005.
Le manoir Necker

Bâti par le comte d’Evreux dans la première moitié du XVIIIe siècle, ce manoir devient en 1770 la demeure de campagne du banquier Necker, ministre des Finances de Louis XVI. Le banquier habite à Saint-Ouen pendant la belle saison avec sa femme Suzanne, salonnière, et sa fille Germaine, la future femme de lettres Mme de Staël. Le domaine est ensuite racheté en 1802 par la famille Ternaux, à laquelle appartient l’industriel Guillaume-Louis. Ce dernier installe dans le parc et dans les annexes la toute première manufacture de Saint-Ouen, spécialisée dans la production de cachemire. Devenu la propriété d’une famille bourgeoise, les Legentil, à partir de 1873 le manoir abrite pendant trente ans un collège catholique, l’école Sainte-Anne. Après la fermeture de l’établissement en 1903, le bâtiment est laissé à l’abandon. Racheté par une compagnie pétrolière, il est rasé en 1921.
Le Grand Hôtel et le Petit Hôtel de Soubise
 
Entre 1714 et 1717, le prince de Soubise, une des plus grandes fortunes de France à l’époque, fait aménager une maison de villégiature sur les bords de Seine. Au fil du temps, il agrandit sa propriété audonienne, qui compte désormais deux ensembles, le Grand Hôtel et le Petit Hôtel. À la veille de la Révolution, le Grand Hôtel est détruit, tandis que le Petit Hôtel est racheté par une femme de lettres, la comtesse de Guibert. La demeure devient sa demeure de campagne, où elle vit en solitude. Après la disparition de Mme de Guibert en 1825, le Petit Hôtel est progressivement démantelé.
La folie Godillot
 
Cette élégante maison, jadis située près de l’église du Vieux Saint-Ouen, est traditionnellement appelée « château de Ma Folie » ou « folie Godillot » du nom d’un de ses propriétaires, le maire de
Saint-Ouen Alexis Godillot. La demeure a d’abord appartenu à une respectable famille bourgeoise, les Albrecht, et, ensuite, à trois maires du village : Godart du Planty, Godillot et Bérthoud. Devenue dans les années 1920 le siège de l’entreprise Schmeder, spécialisée dans la vente d’huiles pour machines, elle est démolie entre 1964 et 1965 et remplacée par un ensemble H.L.M.